Comment la mère d’Aurélie Valognes a permis son « Envol »

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  • Aujourd’hui, « L’envol » d’Aurélie Valognes, que notre contributrice a interviewée pour la sortie de son livre le 1er mars 2023 aux Éditions Fayard.

Holly Goli, blogueuse et contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande « L’envol » d’Aurélie Valognes qu’elle a interviewée pour la sortie de son livre le 1er mars 2023 aux Éditions Fayard.

Sa citation préférée :

Je regarde les autres parents. Oui, ma mère est différente, mais elle vaut mieux qu’eux, et ils ne le savent pas. Elle vaut mieux que moi, et elle ne le sait pas non plus. Si quelqu’un s’avise de se moquer d’elle, de faire la moindre remarque déplacée, le moindre sourire en coin, je lui arrache les yeux.

Pourquoi ce livre ?

  • Parce que ce roman parle de la relation mère fille. Nous avons tous une mère, que l’on soit proche ou non. Aurélie Valognes explore cette relation de la naissance de la fille jusqu’au climat serein entre les deux femmes. Il y a des hauts et des bas mais on se retrouve tous à au moins un moment de cette histoire.
  • Parce que la construction du roman est singulière. Découpé en plusieurs parties, chaque chapitre laisse d’exprimer Lili et sa mère Gabrielle sur différents moments de leur vie. Les deux points de vue sur les mêmes moments permettent au lecteur d’avoir toutes les cartes en main.
  • Parce que la plume d’Aurélie Valognes est toujours aussi belle et plus encore. Elle cueille en plein cœur et ce roman donne la sensation de partager plus qu’un moment de lecture, mais un moment hors du temps à ses côtés. Comme si on vivait cette histoire avec elle.

Aurélie Valognes, comment vous est venue l’idée d’écrire un roman sur la relation mère fille ?

Tout a commencé par une interview d’un journaliste, Adrien Naselli, qui après avoir lu Né sous une bonne étoile, a été le premier à m’interroger sur mon parcours de transclasse. Il écrivait un essai recueillant le témoignage d’une quinzaine de « transfuges » (mot que je découvrais) qui par leur réussite scolaire s’étaient émancipés de leur milieu d’origine, et pour la première il donnait également la parole à leurs parents. Ma mère, pourtant timide, a accepté de témoigner, et quand le livre est sorti (Et tes parents, ils font quoi ? chez Lattès, 2021), j’ai découvert en lisant ses parties que nous n’avions pas vécu les mêmes événements de la même façon. Cela a remué beaucoup de choses en moi et j’ai souhaité mieux comprendre ce qu’elle avait vécu. Elle m’a autorisée à écouter l’heure d’interview qu’Adrien Naselli avait enregistrée avec elle, et j’ai entendu dans sa voix son émotion, ses colères, sa fierté et sa souffrance aussi. J’ai eu envie de tirer le fil de notre histoire. Je sentais qu’il avait une certaine valeur à raconter cette émancipation, que nous ne devions pas être les seules à l’avoir vécue et d’avoir souffert de certaines injustices. Je voulais raconter tout ce qu’elle avait fait pour moi, mettant toutes les chances de mon côté parce que l’on ne réussit jamais seul ou seule, et pourtant elle n’a reçu aucune médaille pour son travail de l’ombre.

Quel est votre processus d’écriture ? Était-ce différent pour l’Envol ?

Mon processus se déroule toujours en trois phases. La première dure à peu près quatre mois durant lesquels je tourne autour d’un sujet, je m’en nourris, je fais des interviews, je vais sur le terrain, et je finis par définir des personnages et leurs trajectoires. Je pars toujours d’une injustice, d’un sujet qui me révolte, qui s’accroche aux tripes et ne me lâche pas. La seconde phase est celle où je m’isole. Je m’enferme dans une chambre d’hôtel, sans mari, sans enfants, et j’écris. Je sors tout ce que j’ai en tête, je vais au bout de mon idée, et je reviens, en général avec 150 pages, que je laisse reposer quelques jours. Vient ensuite la dernière phase qui dure à peu près trois mois, celle du retravail. Là je relis d’abord comme un lecteur, puis comme un éditeur. A ce stade, je peux tout reprendre de fond en comble. Je cherche à être la plus juste possible, dans l’intention et l’émotion visées. C’est un travail de longue haleine, déprimant parfois, mais tout se joue à cette étape. Quand mon texte me convient, je le lis intégralement à voix haute. Je vérifie que chaque phrase ait son rythme, son équilibre, il y a comme une musique interne, parfois il manque un pied, cela s’entend, alors je rééquilibre. Quand je suis satisfaite, j’envoie à mon éditeur. Pour l’Envol, ce qui a été enrichissant, c’est que j’ai eu la chance de pouvoir le lire pour la version audio et ai donc pu assumer chacun de mes mots lors de sa lecture orale.

L’Envol a une construction particulière ?

J’avais envie de donner corps à deux voix, deux solitudes, deux femmes, sans jamais juger. J’ai donc choisi le double « je », l’un pour la mère, l’autre pour la fille. L’idée était qu’elle nous raconte chacune leur vérité, leur histoire, avec pudeur, et que le lecteur ait accès à ce qu’elles ne se disent pas l’une à l’autre, que le lecteur aussi soit actif dans la lecture, à parfois combler les trous et les silences de leur histoire commune. C’était la seule façon pour moi de raconter cette histoire, sans prendre parti.

Trois mots pour décrire l’Envol ?

Personnel, plein d’amour et plein d’espoir.

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. La relation entre une mère et sa fille varie au cours du temps. Ici, les deux vont être très proches avant d’atteindre un point de non-retour. Est-ce que cet amour mérite tous les sacrifices ?

Les personnages. Lili et sa mère Gabrielle. Ainsi que des personnages secondaires qui apportent une autre dimension à leur relation.

Les lieux. En France mais aussi en Angleterre lorsque Lili est adulte.

L’époque. Actuelle.

L’auteur. Aurélie Valognes dépeint la société à travers des histoires pleines d’humour et d’émotions. Elle fait partie des auteurs les plus lus en France, ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues et certains sont en cours d’adaptation.

Ce livre a été lu avec la sensation de revivre, moi aussi, un pan de mon histoire. Nous avons qu’une seule mère et Aurélie Valognes nous offre le roman le plus touchant et le plus intime qui soit, comme une fenêtre sur son âme et celle de ses lecteurs. Un immense coup de cœur !

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