"Papa, il a tué maman" : des messages choc anti-féminicides fleurissent dans Paris
Depuis vendredi 30 septembre, des femmes se réunissent chaque soir pour peindre des slogans chocs, et les coller dans les rues de Paris. Par leurs messages bouleversants, elles espèrent alerter passants et élus politiques de l’urgence de la lutte contre les féminicides.
« Papa, il a tué maman », « Elle le quitte, il la tue »… Depuis quelques jours dans les rues de Paris, s’affichent en collages XXL ces phrases brutales. Ça a commencé mercredi 28 août. La militante féministe et ancienne Femen Marguerite Stern lance un appel à colleuses sur les réseaux sociaux.
Quarante femmes, des militantes rodées aux adolescentes touchées, se mobilisent deux jours plus tard pour une première action. Depuis, « l’après-midi on peint, la nuit on colle », explique Sophia.
« Elles nous manquent »
Mais avant, il y a l’étape de réflexion. « On réfléchit ensemble aux messages. Il faut faire très attention, il nous faut trouver les mots justes pour ne pas romantiser ou glamouriser ces féminicides », précise Marguerite Stern à Marie Claire.
Chantal, 72 ans, tuée dans son sommeil par son mari
Il y a des slogans chocs : « Naître femme tue », par exemple. Et puis ces phrases en mémoire des femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Factuelles et glaçantes. « Gaëlle, enceinte, poignardée par son ex », « Chantal, 72 ans, tuée dans son sommeil par son mari »…
« Peindre le nom de ces femmes, les manières barbares dont elles ont été assassinées, n’a pas le même effet sur nous que d’écrire des slogans plus généraux, a réalisé Marguerite Stern. C’est pesant, j’espère que les passants ressentent aussi cela. »
Il commence à avoir de l’affect. Parfois, on pleure. Oui, elles nous manquent.
Au dessous de ces messages aux allures de titres froids de presse, « Elle nous manque » est rajouté. Marguerite Stern l’explique : « On passe nos journées au milieu des noms de ces femmes, de ce qui leur aient arrivé. Il commence à avoir de l’affect. Parfois, on pleure. Oui, elles nous manquent. Elles avaient encore des choses à apporter à leur famille, à la société. » Et d’ajouter : « Ce ne sont pas des chiffres, ce sont des vraies femmes qui manquent à leur famille. »
Certaines familles écrivent même aux colleuses. La sœur d’Hélène Kahn, assassinée par son ex-compagnon le 22 mars 2017, leur a demandé si elles pouvaient coller en sa mémoire. « Nous l’avons soigneusement fait, avec une émotion particulière. » Et en y ajoutant : « Elle nous manque. »
Sortir des réseaux sociaux
Elles ont été jusqu’à soixante à se réunir dans ce squat d’artistes, le Jardin d’Enfert, indispensable à l’opération, car il leur faut de l’espace pour coller et peindre ces banderoles géantes (jusqu’à trois mètres).
110 affiches ont été à ce jour collées. Le collectif improvisé espère ainsi sensibiliser les passants, les alerter, au-delà des réseaux sociaux, espaces convaincus où la « cible est déjà militante », explique Marguerite Stern.
Il n’y a pas de revendications dans nos messages, mais on veut voir les chiffres reculer. On veut arrêter de compter.
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