Toxoplasmose : les femmes de demain sont-elles en danger ?

Cette maladie parasitaire est anodine… sauf pour les femmes enceintes chez qui elle peut provoquer des malformations fœtales. Or en raison de notre mode de vie moderne, de moins en moins de femmes sont immunisées. Davantage de précautions sont donc nécessaires.

Après 5 à 20 jours d’incubation, les symptômes de la toxoplasmose ressemblent à ceux d’une petite grippe : des ganglions gonflés au niveau du cou, un peu de fièvre, des maux de tête ainsi que des douleurs musculaires ou articulaires. Ces désagréments passent souvent inaperçus et ne réclament généralement aucun traitement spécifique.

Seuls les patients immunodéprimés et les femmes en cours de grossesse nécessitent un traitement antibiotique suite à une contamination par le parasite Toxoplasma gondii. Ce dernier est surtout transmis par des excréments d’animaux infectés, principalement le chat, soit par contact direct avec sa litière soit avec de l’eau, de la terre ou des légumes souillés. La viande crue ou très saignante peut également véhiculer le parasite.

Une maladie grave durant la grossesse

Lorsqu’une femme enceinte contracte la toxoplasmose, le parasite est capable de traverser le placenta et d’atteindre le fœtus. Des fausses couches et des malformations congénitales (lésions neurologiques et oculaires) sont alors à craindre, surtout si la contamination intervient entre la 10ème et la 24ème semaine de grossesse.

Et malgré le programme de dépistage systématique et de prévention chez la femme enceinte en vigueur depuis 1978, trois à quatre enfants sur 10 000 naissances sont touchés en France, selon le Centre National de Référence (CNR) de la toxoplasmose coordonné par le CHU de Reims. Heureusement, la grande majorité des bébés touchés viennent au monde sans aucune séquelle, mais 10% d’entre eux ont tout de même des troubles de la vision ou du développement psychomoteur.

L’infection n’est fatale pour le fœtus que dans 2 à 4% des cas.

Les femmes moins bien protégées

Il suffit d’avoir été exposé une fois au parasite pour être théoriquement protégé à vie. L’organisme produit en effet des anticorps qui conservent la mémoire de la contamination et empêchent une infection ultérieure. Chez les personnes immunodéprimées (atteintes du sida, ayant subi une transplantation d’organe ou en cours de chimiothérapie), le parasite en sommeil dans le corps peut toutefois se réactiver des années après.

Jusqu’aux années 1960, plus de huit femmes sur dix étaient ainsi immunisées. Mais selon un rapport de la Haute Autorité de Santé de février 2017, leur nombre est en chute libre. Elles n’étaient déjà plus que 44% en 2003 et moins de 37% à l’orée des années 2010.

Cette évolution à la baisse se poursuit probablement aujourd’hui, surtout en ville où les chats domestiques ont peu de risque d’être infectés car ils n’ont guère l’occasion de chasser des oisillons et des souris susceptibles de leur transmettre la maladie. En outre, le recours fréquent à la congélation diminue aussi la probabilité d’être contaminés par des aliments puisque le parasite ne résiste pas aux températures inférieures à -10°C. 

Une surveillance étroite

Le dépistage sérologique de la toxoplasmose – par prise de sang – est systématique en France en début de grossesse. Les femmes non immunisées sont invitées à réaliser un contrôle sanguin mensuel jusqu’à l’accouchement, afin de vérifier qu’elles n’ont pas été exposées entre temps au parasite.

Pour réduire les risques au maximum, des mesures d’hygiène strictes sont recommandées : cuire la viande à cœur ou la congeler au moins trois jours à -12°C, se laver les mains après avoir manipulé des aliments crus et ne jardiner qu’à condition de porter des gants. Mieux vaut également bien laver et peler les légumes.

Inutile de se débarrasser de son chat lorsqu’on est enceinte, mais bannissez-le de la cuisine et déléguez à quelqu’un d’autre le changement de sa litière jusqu’à l’accouchement.

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