La Guerre des mondes (Canal+) Gabriel Byrne : "La vraie menace ne vient pas de l’espace, mais de nous-mêmes"
Le temps a passé depuis Usual Suspects, le film culte qui l’a fait connaître en 1995… Aujourd’hui, c’est dans le rôle d’un homme ordinaire confronté à l’extraordinaire que Gabriel Byrne impressionne, dans cette adaptation du roman de H.G. Wells. Entretien.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce rôle d’un scientifique britannique qui part à la recherche de son fils, avec son ex-femme, après une attaque venue de l’espace ?
Gabriel Byrne : Quand j’ai lu La Guerre des mondes, je devais avoir 15 ans. Je me souviens de la sensation de terreur et de malaise que j’ai éprouvée. J’étais collégien à Dublin, en Irlande, et trop jeune pour comprendre tous les enjeux du livre de H.G. Wells, mais l’histoire a infusé, elle s’est incrustée en moi durablement. Dans cette adaptation, les extraterrestres sont très périphériques. En revanche, les humains, des gens comme vous et moi, traversent une vraie crise existentielle. Et c’est cette sensation qu’il m’intéressait d’explorer. J’ai l’impression que nous l’éprouvons tous, d’une façon ou d’une autre, en ce moment.
Que voulez-vous dire ?
Entre les armes nucléaires qui pullulent, la crise climatique majeure que nous affrontons, les menaces que font peser les multinationales sur nos libertés, je pense qu’il y a de quoi faire. Pour moi, la série parle plutôt de ça, de l’impact que tout cela peut avoir sur nos vies.
À lire également
La Guerre des mondes (Canal+) Léa Drucker : « Ce serait prétentieux de croire que nous sommes les seuls dans l’univers »
Vous incarnez Bill Ward, un type normal. Comment se glisse-t-on dans la peau de ce genre de personnage ?
Je m’attache aux petits détails. Bill Ward est un chercheur, un gars qui ne fait pas très attention à son aspect extérieur. Pas du genre à porter un costume Armani et à s’admirer dans la glace avant de partir au boulot. J’ai voulu qu’il porte à l’écran un manteau trop petit, un peu inconfortable. À partir du troisième épisode, il change aussi de chaussures pour se déplacer sur de longues distances (les voitures et les transports ne fonctionnent plus, ndlr). Il récupère les sneakers d’un homme mort, le nouvel époux de son ex-femme. Avec les réalisateurs, Gilles Coulier et Richard Clark, nous nous sommes accordés sur une paire bleue, un peu inattendue. Ce qui compte, ce n’est pas tant la couleur que le fait qu’il enfile les chaussures d’un homme dont il est en partie responsable de la mort. Je voulais que l’on sente sa gêne à l’écran.
À lire également
Game of Thrones : HBO annule le spin-off avec Naomi Watts !
Vous êtes-vous demandé ce que vous feriez, confronté, comme lui, à la menace d’une espèce extraterrestre ?
La question est intéressante mais, honnêtement, je suis beaucoup plus inquiet par les projets de Jeff Bezos, le P-dg d’Amazon, de coloniser l’espace et de considérer la Terre comme une planète d’appoint que l’on peut épuiser avant d’en trouver une autre où s’installer, que par l’arrivée hypothétique d’extraterrestres. Cela me terrifie, même, quand je vois que les États-Unis ont créé un commandement militaire spatial en prévision d’une future « armée de l’espace ». Pour moi, la vraie menace ne vient pas de l’espace, mais de nous-mêmes.
La Guerre des mondes : tous les lundis à 21h00 sur Canal+
Interview Frédérick Rapilly
Source: Lire L’Article Complet